Hallo,
R.M. Rilke schreibt an Auguste Rodin am 16.Oktober 1908:
Mon cher Rodin, Je reviens du Salon oú j´ai passé une heure devant "Toléde" de Greco. Ce paysage me semble de plus en plus étonnant. Il faut que je vous le décrive tel que je l´ai vu. Voilá:
L´orage s´est déchiré et tombe brusquement derriére une ville qui, sur la pente d´une colline, monte en háte vers sa cathédrale et plus haut vers son cháteau-fort, carré et massif. Une lumiére en loques laboure la terre, la remue, la déchire et fait ressortir cá et lá les prés, verts-páles, derriére les arbres, comme des insomnies. Un fleuve étroit sort sans mouvement de l´amas de collines et menace terriblement de son bleu-noir et nocturne les flammes vertes de buissons. La ville épouvantée et en sursaut se dresse dans un dernier effort comme pour percer l´angoisse de l´atmosphére.
Il faudrait avoir de tels réves.
Peut-étre que je me trompe en m´attachant avec une certaine véhémence á cette peinture; vous me le direz quand vous l´avez vue.
Tout á vous cher grand Ami votre Rilke
Sandra
